Galaxie 029 by Collectif

Galaxie 029 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Tandis que le quatuor allait par les prairies et les boqueteaux idylliques, les propos échangés avec sire Ulfin du Bois renseignèrent Saint-George sur les récentes prouesses du chevalier. Il était parti en quête du Saint Graal quelque temps auparavant et n’avait regagné que tout récemment le « royaume de Logre »[2]. Il avait fait connaissance la veille de sire Guy et de sire Baudemagus, lesquels admiraient tellement son arroi (disaient-ils) qu’il se faisait fort de leur procurer les semblables, et pour un prix des plus modestes. Par la même occasion, il avait accepté de les aider à occire le dragon de Lianore. Les habitants de cette contrée étaient des hommes libres devenus vilains, boutiquiers, bergers ou ferrons. Toutes gens qui – cela allait sans dire – ne connaissaient rien aux dragons et n’auraient jamais su comment s’y prendre pour en tuer un, le cas échéant. Il leur fallait donc, et d’urgence, une aide extérieure.

Lequel dragon avait fait son apparition moins d’une semaine plus tôt. Depuis lors, il parcourait chaque jour la contrée, terrorisant vaches, moutons, demoiselles et petits enfants. Sa grosseur et sa férocité dépassaient nettement celles de ses congénères, et cela expliquait pourquoi sire Guy et sire Baudemagus jugeaient qu’ils donneraient une meilleure preuve de leur vaillance en ne l’affrontant pas seuls. Mais ce n’était pas tout. Le dragon portait dans ses entrailles une demoiselle qu’il avait dévorée naguère, et qui, oyez merveille ! était encore en vie. Et un grand nombre de vilains, de boutiquiers, de bergers et de ferrons qui eux aussi, par miracle, restaient vivants. Outre ces caractéristiques prodigieuses, le dragon possédait une peau extraordinairement dure – même pour un dragon. Deux jours plus tôt, l’ayant approché et frappé au flanc, sire Baudemagus le Sauvage avait ébréché la lame d’une de ses meilleures épées.

Le lieutenant George Saint-George écouta tout cela d’une oreille quelque peu blasée. En bien d’autres temps, déjà, on lui avait parlé de dragons, mais sans qu’il eût jamais vu la queue d’un seul. Il était persuadé que celui-ci se réduirait finalement à un cerf ou un sanglier inoffensif. Les trois intrépides chevaliers ne l’en transperceraient pas moins de leurs lances, après quoi, réunis chez sire Guy (ou chez sire Baudemagus), ils célébreraient cet exploit en vidant force pots d’hydromel. Peut-être même ne trouveraient-ils que du vent, ce qui n’empêcherait pas sire Ulfin d’avoir vu le dragon et de s’attribuer par la suite tout le mérite de l’entreprise. Du moment qu’un chevalier se mettait en tête d’occire un dragon, nulle puissance au monde ne pouvait le rebuter.

Saint-George ne perdit donc rien de son cynisme intérieur quand sire Baudemagus, qui ouvrait la marche à une certaine distance, cria qu’il avait trouvé les traces du passage du dragon. Naturellement ! songea notre héros. Quelqu’un capable de voir un dragon ne sera jamais en peine pour relever n’importe où les empreintes de ses pattes. Le hic fut que lui-même, un instant plus tard, se trouva bel et bien devant elles. Des traces aussi apparentes que le nez au milieu de la figure.



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